- Les enjeux de l'accessibilité via une typographie inclusive
- Expérience utilisateur/utilisatrice et accessibilité
- Quelles sont les polices les plus lisibles ?
- Comment une typographie peut-elle être accessible ?
- Typographie accessible pour les DYS et les malvoyants
- L'écriture inclusive et point médian : un défi supplémentaire pour l'accessibilité
- Conclusion
Lorsqu’il s’agit de design graphique et de création de contenu, la sélection de la typographie est souvent perçue comme une question purement esthétique. Il existe une multitude de polices de caractères, chacune ayant son propre style et sa propre identité visuelle. Cependant, il est crucial de se poser la question de l’inclusivité lors du choix d’une police de caractères, notamment pour les personnes handicapées. L’accessibilité sur le web, souvent négligée, est pourtant un enjeu primordial.
Les enjeux de l’accessibilité via une typographie inclusive
L’accessibilité en typographie consiste à s’assurer que les caractères sont facilement lisibles et compréhensibles par toustes les utilisateurices, y compris ceux ayant des déficiences visuelles ou cognitives. Environ 12 millions de personnes en France vivent avec un handicap, dont 1,7 million ont une déficience visuelle selon la Fédération des Aveugles de France. La déficience visuelle comprend la basse vision, la cécité et le daltonisme.
Les personnes non handicapées – parmi lesquelles une grande quantité de concepteur et conceptrice de sites web – ne se rendent souvent pas compte des difficultés que peuvent rencontrer celles ayant des troubles de la vision ou des troubles spécifiques de l’apprentissage, comme la dyslexie, lorsqu’elles naviguent sur internet.
Il est essentiel de choisir des typographies qui répondent aux besoins spécifiques des utilisateurs et utilisatrices handicapées, en tenant compte de facteurs comme le contraste, l’espacement et la simplicité des formes .
Expérience utilisateur/utilisatrice et accessibilité
L’accessibilité typographique est un élément essentiel de l’expérience utilisateur (UX). Une bonne UX repose sur la capacité des utilisateurs à interagir facilement avec un contenu, quelles que soient leurs compétences ou limitations. Une police inadaptée peut rapidement devenir un obstacle majeur pour ces personnes, générant frustration et exclusion numérique.
Quelles sont les polices les plus lisibles ?
La lisibilité d’une police est déterminée par plusieurs facteurs, tels que la clarté, la distinction des caractères, la taille, l’espacement et l’alignement du texte. Parmi les polices les plus lisibles, on retrouve souvent des polices sans empattements comme Arial, Verdana ou Helvetica, largement utilisées pour leur lecture claire et fluide, particulièrement sur les écrans. Cependant, la lisibilité seule ne garantit pas l’accessibilité.
Une police lisible ne signifie pas forcément accessible
Bien que la lisibilité et l’accessibilité soient liées, elles ne sont pas synonymes. Une police de caractère peut être lisible pour une personne sans handicap, mais difficile à déchiffrer pour une personne dyslexique ou malvoyante. La FFDys (Fédération Française des Dys) estime qu’environ 7 millions de françaises et français ont des troubles dys et 5 à 10% une dyslexie. Pour ces utilisateurices, certains caractères peuvent étroitement se ressembler (comme le « b » et le « d ») ou les lettres peuvent sembler s’entrechoquer, rendant la lecture fatigante voire impossible.
Comment une typographie peut-elle être accessible ?
Une typographie accessible est conçue en tenant compte des besoins spécifiques des personnes avec handicap. Pour cela, plusieurs critères doivent être pris en compte :
- Contraste des caractères : Une police doit offrir un bon contraste entre les lettres et l’arrière-plan. Un texte en gris clair sur fond blanc, par exemple, sera difficile à lire pour une personne malvoyante. Environ 86% des malvoyants ont une vision résiduelle qui leur permet de lire, mais seulement si les conditions visuelles sont optimales. Nous vous conseillons de suivre les recommandations du WCAG et de tester vos couleurs sur des sites de test dédiés, comme : https://webaim.org/resources/contrastchecker/ ou https://colourcontrast.cc/
- Espacement et taille : Un espacement suffisant entre les lettres, les mots et les lignes est crucial. Des caractères trop rapprochés peuvent se chevaucher visuellement, rendant la lecture difficile. Pareillement, un texte trop petit est bien souvent illisible.
- Clarté des formes : Les caractères doivent être distincts les uns des autres. Une police qui distingue clairement des lettres telles que le « l » et le « I », le « o » et le « 0 » est essentielle pour éviter toute confusion. Vous pouvez tester certains duos de caractères comme : db, nu, rn et m, qp, 0O, il et 1I
- Simplicité : Les polices complexes ou décoratives, bien que visuellement attrayantes, sont souvent difficiles à lire pour les personnes ayant des troubles visuels ou cognitifs. Il est donc recommandé de privilégier des polices simples et épurées.
Il existe quelques guides pour savoir si une police est accessible, comme celui rédigé par Colin Shanley ou encore Dyslexia Scotland. Concernant l’acessibilité en général, nous vous conseillons la lecture des articles du site WebAIM.
Typographie accessible pour les DYS et les malvoyants
Pour les personnes dyslexiques, des polices spécifiques ont été développées pour atténuer les difficultés de lecture. Par exemple, la police OpenDyslexic est conçue avec des caractères dont les parties inférieures sont plus épaisses, aidant ainsi à stabiliser les lettres dans l’esprit des lecteurs dyslexiques. La police Lexend est une autre option, optimisée pour améliorer la vitesse de lecture et la compréhension grâce à des espacements ajustés entre les lettres et les mots.
Pour les malvoyants, des polices comme Tiresias ou APH ont sont spécialement conçues pour être facilement lisibles par des personnes ayant une faible vision. Ces polices prennent en compte le contraste, la taille des caractères et l’espacement pour maximiser la clarté et la lisibilité.
L’écriture inclusive et point médian : un défi supplémentaire pour l’accessibilité
Il existe une croyance selon laquelle l’écriture inclusive irait à l’encontre de l’accessibilité. Cela peut être en partie vrai pour les lecteurs d’écran lorsqu’il s’agit d’une certaine forme d’écriture inclusive, comme le point médian. Ce dernier fragmente les mots, ce qui peut nuire à la fluidité et à la compréhension du texte.
Julie Moynat, alias « La Lutine du Web« , souligne que l’usage du point médian doit être réfléchi et équilibré pour ne pas compromettre l’expérience utilisateur et l’accessibilité. Elle recommande souvent des formulations alternatives qui évitent l’usage excessif du point médian tout en restant inclusives, comme l’utilisation de termes épicènes ou des expressions telles que « le personnel enseignant » au lieu de « les enseignant·e·s » .
Selon nous, la façon dont les lecteurs d’écran gèrent le point médian est avant tout une question d’usage et de choix de paramétrage de la part des constructeurices des lecteurs d’écran . Si l’utilisation du point médian augmentait, les entreprises à l’origine des ces services numérique de lecture vocale feraient en sorte de mettre à jour leurs solutions. C’est pourquoi il me semble intéressant de ne pas s’interdire d’utiliser le point médian avec parcimonie,
Conclusion
L’accessibilité typographique est un aspect souvent sous-estimé de la création de contenu. Pourtant, avec la création de contenu facile à lire et à comprendre et un webdesign adapté, elle est essentielle pour garantir à toustes les utilisateurices, quelles que soient leurs capacités physiques, psychiques ou mentales, un accès égal à l’information. En choisissant une typographie accessible dans le cadre d’une démarche d’accessibilité numérique, vous contribuez à une communication plus inclusive et respectueuse des diversités, améliorant ainsi l’expérience utilisateur pour toutes et tous.